Machinae Supremacy, voilà bien un projet qui ne trouvera que difficilement concurrent niveau originalité. Rien que l'attitude du groupe se démarque fortement des préoccupations actuelles. Proposer la quasi-intégralité de ses compositions via son site Internet n'est pas au goût de tous, en particulier à l'heure de la dégringolade des ventes de disques. Deux ans et un changement de bassiste après Deus Ex Machinae, les suédois amorcent leur retour avec Redeemer, mélange toujours aussi surprenant de leurs diverses influences.
Car si les suédois finissent au bout du compte par rattacher leur musique au mouvement metal à dominante très mélodique, celle-ci reste néanmoins radicalement différente et autrement plus originale que bon nombre de productions qui inondent le marché tous les mois. Une chose est sûre, Redeemer ne risque pas d'évoquer un quelconque sentiment de déjà-vu. Idée risquée, mais totalement inattendue, Machinae Supremacy opère une nouvelle fois le temps de onze compositions la symbiose entre hard-rock mélodique typé années 80 et… Musique de jeux vidéo ! Le quintet ne vient néanmoins pas piller les idées musicales présentées par les softs actuels, pour lesquels l'accompagnement sonore ne présente bien souvent plus rien de conçu uniquement pour le produit, un nombre incalculable de formations ayant intégrées des compositions à cet « outil promotionnel » fort populaire (il suffira de jeter une oreille sur la bande-son de Tony Hawk's Pro Skater pour s'en convaincre). Les instrumentations contiennent en effet des samples extraits des tous premiers jeux, ceux disponibles sur Commodore 64 (l'introduction de « Seventeen » en est le meilleur manifeste). Machinae Supremacy les intègres relativement bien à des tissus musicaux plus traditionnels, et donne donc à sa musique toute sa crédibilité en évitant de sonner trop rétro, prouvant par là une réelle capacité à mixer des éléments presque ringards tout en accouchant d'un résultat final efficace et hautement entraînant (le dansant « Rogue World Asylum », « I Know The Reaper »).
La dimension mélodique se veut plus que dominante, la saturation étant bel et bien présente dans les tirades de guitares sans en arracher les tympans pour autant, ce qui se serait avéré plus que ridicule compte tenu de la forte dose d'électronique présente au sein de chaque composition. Le tout présente un aspect synthétique hypnotisant qui se conjugue à merveille avec les riffs de guitares appuyés, renforcés par une basse plus que présente et groovy à souhait qui bien souvent mène la danse (« Hate », meilleur extrait de ce nouvel opus ou celle-ci habille les couplets de sons ronds et marqués). Le niveau technique s'avère par ailleurs élevé, ce qui n'est aucunement une surprise tant il semble nécessaire d'être habité par le talent pour marier des sons de prime abord aussi antagonistes. Les solos (« Ghost ») viennent s'ajouter à des titres en montagnes russes qui n'en auraient même pas eu besoin pour atteindre un certain niveau d'excellence. Doté d'un timbre nasillard parfois proche d'un Billy Corgan, Robert Stjärnström ne fait pas exception à la règle, lui aussi vraisemblablement très inspiré par les eighties, sans que ces tirades n'atteignent d'insupportables hauteurs. Excellent vocaliste même s'il n'atteint pas toujours une justesse parfaite, son chant explore des sentiments bien différents, allant jusqu'à l'émotif lors de l'improbable semi-ballade pourtant réussie du disque (« Ghost »).
Malgré ce mélange, Redeemer est loin de se limiter à un délire amusant seulement quelques minutes, et se révèle très vite prenant. Un second album à écouter, ne serait-ce que par simple curiosité.
.: Tracklist :.
01. Elite
02. Through The Looking Glass
03. Rogue World Asylum
04. Rise
05. I Know The Reaper
06. Hate
07. Ghost (Beneath The Surface)
08. Seventeen
09. Ronin
10. Oki Kumas Adventure
11. Reanimator (March Of The Undead III)