Les mots sonnent plus que jamais comme une certitude : Dez Fafara a fait le meilleur choix de sa carrière en quittant Coal Chamber pour DevilDriver. C'est dire si le groupe en question se montre excellent, encore plus particulièrement avec la sortie de ce troisième opus. Car avec DevilDriver et The Fury Of Our Maker's Hand, le quintet nous avait déjà infligé une sacré claque sonore. The Last Kind Words se place juste dans la continuité, en deux fois plus meurtrier.
La formation présentait sa dernière offrande comme son meilleur effort à ce jour. Force est de constater que le discours promotionnel habituel n'avait pour une fois rien d'erroné. Ce troisième opus fait mal, très mal. Si The Fury Of Our Maker's Hand laissait parfois la part belle aux mélodies de guitares (notamment via une bonne série d'introductions réussies), le groupe ressert un peu l'étau et amorce un retour tout en puissance et en saturation. En onze titres, DevilDriver ne pose sur bande absolument aucun déchet, mais au contraire une série de brûlots intenses aux riffs imparables, parfaitement mis en relief par la production impeccable de Jason Suecof et le mix d'Andy Sneap. Toujours à cheval entre les différents styles (à tel point qu'il demeure difficile de les classer dans une quelconque catégorie), les américains parviennent une nouvelle fois à mixer leurs nombreuses influences, qu'il s'agisse de death, heavy metal voire même d'une légère touche de black pour certaines intonations vocales, tout en conservant un son groovy aisément accessible et tout à fait personnel. Plus que jamais, DevilDriver marie à merveille des sonorités old-school dans une tambouille résolument moderne, plaçant en guise de nouveauté de choix une bonne tranche de solos entêtants et nullement superflus (l'énorme « Monsters Of The Deep », le single « Not All Who Wander Are Lost », « Head On To Heartache »).
Généralement lancées à toute berzingue, les parties de guitares assurées par Jeffrey Kendrick et le jeune Michael Spreitzer s'entrechoquent, les deux lascars couchant sur bande un enchaînement d'accords affolants et sans cesse rebondissants. Les structures, bien que très conventionnelles, font par ailleurs preuve d'une technicité et d'une efficacité à toute épreuve (le décoiffant « Clouds Over California », véritable futur hymne du pit). John Boecklin abat également un travail monstrueux derrière les fûts, enchaînant les breaks assassins à grand renfort de double-pédale. Seul Dez Fafara n'apporte guère de sentiment de progression. Il serait difficile désormais de l'en blâmer, tant celui-ci semble parvenu à l'extrême limite de son art et parvient à l'appliquer avec une force de frappe demeurée intacte. Le frontman, la quarantaine passée, hurle à s'en arracher les cordes vocales, ponctue les instrumentations déjà redoutables d'un timbre et d'une hargne viscérale (« Bound By The Moon »), sans amorcer à aucun moment le détour par une quelconque case « chant clair ». Mais malgré un retour aux affaires plus brutal que sur leur précédent enfant terrible, DevilDriver n'a cependant pas totalement oublié l'importance d'une dose mesurée de mélodie, et greffe avec brio de belles lancées de guitares lorsque l'occasion se présente (la montée en puissance précédant l'entrée du chant sur « These Fighting Words », l'outro de « The Axe Shall Fall »).
Inutile de tourner autour du pot plus longtemps, The Last Kind Words est le monument de DevilDriver. Jusqu'au prochain tout du moins, tant leur ascension semble désormais abattre tous les murs dressés devant eux et méchamment piétiner le concurrence. A s'injecter dans les oreilles immédiatement, et surtout sans ménagement. En un mot : immanquable.
.: Tracklist :.
01. Not All Who Wander Are Lost
02. Clouds Over California
03. Bound By The Moon
04. Horn Of Betrayal
05. These Fighting Words
06. Head On To Heartache (Let Them Rot)
07. Burning Semon
08. Monsters Of The Deep
09. Tirades Of Truth
10. When Summoned
11. The Axe Shall Fall