De prime abord, Dadabovic pourrait donner l'impression d'un Marcel et son Orchestre version saturée. Nom à mille lieux des groupes de metal habituels, titres de chansons et paroles décalées pleine à craquer de jeux de mots ou encore goût prononcé pour la comédie, les rapprochements se font rapidement, même si les deux formations ne jouent pas sur les mêmes terrains. Mais à travers cette démarche, Dadabovic espère également soulever un sujet bien plus grave que leurs collègues du Nord de la France : l'épilepsie.
Avec ce premier 2 titres promotionnel (et probablement par la suite sur son premier album), Dadabovic développe un monde bien particulier et personnel. L'histoire prend place dans un hopital psychiatrique imaginaire ou chaque membre du groupe s'affuble d'un rôle bien particulier : Dadabovic (chant et guitare) y tient le rôle du professeur, Romanescu (chant et samples) celui du fou, Toniatovki (batterie) est le chirurgien et Mufdoff (basse) l'infirmière ! Des protagonistes presque aussi fous que les nombreux patients qui peuplent leur asile. Un concept original qui ne se limite pas uniquement au papier ni aux différentes séances photos, puisque le quatuor l'exploite également dans les paroles. R ésolument décalées, les deux morceaux présentés sur ce premier support témoignent chacun du cas d'un patient et de ses problèmes (preuve en est avec les textes de « Paul Pau » : Ce patient est un fan de la masturbation, sa boîte à phéromones est toujours en ébullition, il s'appelle Paul maint'nant il est sourd comme un pot, c'est c'qui s'passe quand on fait trop chanter son oiseau). Mais sous cet aspect très second degré, le groupe souhaite avant tout amener le problème de l'épilepsie, son leader (le professeur Dadabovic) en étant atteint. Les histoires inventées ne sont donc que des retranscriptions exagérées et saupoudrées d'humeur de situations réellement vécues. Un véritable exutoire pour son chanteur / guitariste mais également une source d'inspiration presque inépuisable pour la formation.
Mais Dadabovic ne mise pas tous ses atouts sur cet univers si particulier et rarement exploité. Musicalement, le quatuor ne fait également pas les choses à moitié, et cultive même un certain sens de la diversité musicale. Les deux titres livrés ici ne se rattachent presque à aucun style musical, même si la tendance générale est à la saturation et pourra par certains aspects rappeler Absolute. Fusion énergique complétée par une très légère touche de hardcore, la musique de Dadabovic enquille les riffs sautillants hautement efficaces, le tout présentant une qualité certaine malgré des structures plutôt conventionnelles. Car si la formation en est encore à ses premiers balbutiements, les musiciens ne sont pas inexpérimentés et déroulent déjà tous un curriculum vitae riche en expériences au sein de divers groupes régionaux. Le chant, doublé puisque partagé entre Dadabovic et Romanescu, se veut dénué de toute partie claire, oscillant pour sa part entre tirades rapcores et hurlements rauques (sans pour autant risqué une quelconque affiliation aux mouvements extrêmes, le tout restant très facile d'accès). La dimension délirante reste parfois bien décelable dans sa musique, en particulier à travers le pont de « Paul Pau » et son clavier cheap ou les médecins viennent déranger le dénommé Paul en pleine astiquage du poireau.
Dadabovic est un groupe a découvrir, d'autant plus que l'histoire amenée par ces quatre musiciens se poursuit sur scène puisque ceux-ci y projètent des films de leur invention. Il ne reste maintenant plus qu'à publier un véritable album, histoire qu'on en sache un peu plus sur les patients de cet hôpital pittoresque…
.: Tracklist :.
01. Serial Kinedeur
02. Paul Pau