Bien que partiellement ancré dans les mouvances actuelles de l’émo et du metalcore, Atreyu a toujours su se jouer des poncifs pour livrer une musique un brin plus remarquable que les multiples clones émergeant de ci et là. Sans réellement s’orienter vers des choix trop risqués, le quintet évolue à sa façon d’album en album en explorant des horizons nouveaux, sans pour autant marquer de cassure trop abrupte avec ses précédents travaux. Très rock’n’roll dans l’esprit, Lead Sails Paper Anchor avait su convaincre en se parant d’enluminures catchy à souhait, une formule qu’Atreyu réitère à l’occasion d’un Congregation Of The Damned cependant plus prompt à renouer avec le passif de la formation.
Congregation Of The Damned cultive tous les symptômes du blockbuster rock metal de l’année. Si le disque ne fait à aucun moment preuve d’une véritable profondeur d’écriture, la sauce se montre suffisamment relevée pour entrainer une addiction presque immédiate et irrémédiable. Sans prétention aucune, le quintet ne s’embarque jamais dans les chemins épineux de l’expérimentation instrumentale, et se contente de poser sur bandes une honnête successions de couplets-refrains-couplets qui pénètrent profondément les tympans et imposent une ribambelles de mélodies entêtantes au possible. Imparables, les guitares d’Atreyu évitent les riffs sombres et martelés au profit de passades chantantes et ultra-travaillées, la formation faisant preuve d’un sens du refrain qui cogne encore plus travaillé que par le passé (l’impeccable « Storm To Pass », « Coffin Nails »). Bien qu’articulé autour de racines résolument metalcore, Congregation Of The Damned se détache de la scène actuelle en abandonnant totalement l’usage répété des saccades rythmiques afin de dérouler une écriture nettement plus fluide. Les canevas de guitares ne se contentent pas d’imposer un accord efficace pour habiller les morceaux, et laissent place à des contrastes bien plus marqués que d’ordinaire. Entre deux assauts électrisants, ces dernières n’hésitent jamais à dépouiller a bonne escient les structures pour mieux dynamiter les refrains quelques mesures plus tard (l’excellent « Insatiable »). Avec Congregation Of The Damned, Atreyu livre même une véritable synthèse des styles, le metal des origines se couplant habillement avec le rock’n’roll classique, voire avec un punk alternatif aux forts accents californiens (le furieux « Ravenous » aux enluminures hardcore, le morceau titre « Congregation Of The Damned »).
Malgré l’aspect basique de ses constructions, Atreyu fait par ailleurs preuve d’une réelle maitrise technique. Les guitares volent dans tous les recoins, les envolées en solo se profilant sur ce nouvel opus comme un inévitable passage. Loin de se limiter au simple exercice de style, l’enfilade de solos maitrisés confèrent à Congregation Of The Damned une couleur furieusement rock et chaleureuse, presque rétro, et lui attribuent un potentiel nettement plus intéressant qu’une kyrielle de formations catalogués sous la bannière de la nouvelle scène américaine. Malgré la diversité des horizons fusionnés au sein des compositions, Congregation Of The Damned ne fait preuve d’aucune faute de goût et parvient à conserver une véritable cohérence, en partie grâce à un tempo furibond auquel répond avec véhémence le timbre vocal d’un Alex Varkatzas dopé aux amphétamines. Le frontman n’use pourtant pas des hurlements à outrance, mais témoigne dans son chant d’un grain clair dynamique et rebondissant, aussi bien adapté aux dérives rocailleuses (« Stop Before It’s Too Late And We’ve Destroyed It All ») qu’aux envolées les plus soutenues (« Lonely »). Déjà démonstratif sur les précédents travaux d’Atreyu, Varkatzas se fend ici d’interventions toujours plus variées, tout en conservant une étonnante facilité à s’engager sur les refrains les plus accrocheurs (« Black Days Begins »). Diablement envoutant.
Congregation Of The Damned est un album incroyablement aisé d’accès, mais s’habille parallèlement d’un indiscutable savoir-faire en matière de composition efficace. L’un des candidats les plus sérieux dans son souhait de faire évoluer une scène emo-metalcore enfermée dans ses propres clichés.
.: Tracklist :.
01. Stop! Before It's Too Late and We've Destroyed It All
02. Bleeding Is a Luxury
03. Carried Away
04. Coffin Nails
05. Black Days Begin
06. Gallows
07. Storm to Pass 3:46
08. You Were King Now You're Unconscious
09. Insatiable
10. So Wrong
11. Ravenous
12. Lonely
13. Wait for You