Difficile aujourd’hui de parler d’un disque enfanté par Arch Enemy sans évoquer les multiples ressemblances partagées avec ses illustres prédécesseurs. Pourtant, la machine fonctionne à plein régime depuis l’intégration d’Angela Gossow en 2001 et un Wages Of Sin redoutable, malgré un Doomsday Machine qui en avait laissés par la suite quelques-uns sur le bac de touche. On pouvait craindre pour l’avenir du groupe suite au départ de Christopher Amott, qui co-signait alors avec son ex-Carcass de frère une bonne partie des titres. Heureusement rentré dans les rangs dernièrement, les cinq suédois signent une nouvelle fois avec Rise Of The Tyrant un brûlot bien inscrit dans la veine de ce à quoi le groupe nous avait habitué.
Il semble presque inutile d’attendre désormais des musiciens d’Arch Enemy qu’ils révolutionnent leur son, tant celui-ci a fait les preuves par le passé de sa puissance dévastatrice. Rise Of The Tyrant se profile donc sans surprise comme un pur cru de death metal mélodique et moderne bourré jusqu’à la moelle d’éléments old-schools, retranscrit sur bandes avec une technicité virtuose dont peu de formations actuelles peuvent se vanter. Chaque membre d’Arch Enemy maîtrise à la perfection et depuis bien longtemps son art, à commencer par l’impressionnante paire Michael / Christopher Amott qui fait une nouvelle fois de véritables ravages. Alors qu’on aurait pu redouter un sentiment de redite dans leurs exploits de six-cordes, le binôme parvient une nouvelle fois à placer dans tous les recoins de superbes solos aussi décoiffants qu’inventifs, véritables envolées épiques nullement superflus et loin de se limiter à un enquillage de quelques notes inutiles vite torchées. La science du solo reste chez Arch Enemy un ingrédient primordial, véritable valeur ajoutée permettant à des compositions aux structures par ailleurs une nouvelle fois ultra-conventionelles d’acquérir leurs lettres de noblesse (« Night Falls Fast », « The Last Enemy »). Pour le reste, Arch Enemy fait du Arch Enemy, de l’efficace et sans fioriture riche en riffs acérés qui tabassent, une formule classique qui envoie le bois sans s’accorder une seconde de répit si ce n’est ce traditionnel morceau instrumental qui viendra décélérer un tempo pour le moins épileptique à mi-parcours (« Intermenzo Liberté », sur lequel les tirades acoustiques de Christopher tissent un accompagnement idéal à la démonstration toute en retenue de Michael).
Une unique bouffé d’air frais bienvenue perdue parmi une avalanche de riffs en cascade, car si Arch Enemy ne présente aucune évolution dans sa manière de composer, le quintet a tout de même légèrement resserré les boulons depuis le plutôt décevant Doomsday Machine. Rise Of The Tyrant conserve certes tout le potentiel accrocheur présenté par les précédents opus d’Arch Enemy, l’accès à la musique des suédois se voyant grandement facilité par les très nombreuses mélodies amenées par les guitares aux incartades galopantes, mais fait preuve d’une rythmique générale plus soutenue et d’une proportion un tantinet plus élevée à la violence percutante. Angela Gossow déroule ses lignes de chants incroyablement rauques avec une rage salvatrice (« Blood On Your Hands », finesse du titre qui illustre parfaitement le bourrinage en vigueur qui va suivre) , modulant même de façon surprenante sa voix sur un « Vultures » ou elle intègre quelques tirades moins graves, suivant avec hargne une section rythmique mitraillette écrasante et apocalyptique menée par un Daniel Erlandsson décidément infatigable lorsqu’il s’agit de teinter les instrumentations d’un incessant matraquage de double-pédale.
Si au final aucun morceau ne se détache plus particulièrement de ce Rise Of The Tyrant, l’ensemble s’avère diablement intéressant. Arch Enemy livre ce qu’il sait faire de mieux, un concentré bien défouloir. On n’en demandait ni plus ni moins.
.: Tracklist :.
01. Blood on Your Hands
02. The Last Enemy
03. I Will Live Again
04. In this Shallow Grave
05. Revolution Begins
06. Rise of the Tyrant
07. The Day You Died
08. Intermezzo Liberté
09. Night Falls Fast
10. The Great Darkness
11. Vultures