Les Sentiers de l’Aube
AqME achève sa mue. Si Epithete, Dominion, Epithaphe présentait le groupe sous un jour nouveau, rien ne laissait présager de la noirceur absolue vers laquelle ce dernier allait verser par la suite. Le mercato de Printemps n’aura pourtant pas eu raison des Franciliens. Séparé de leur vocaliste de toujours, Thomas Thirrion, le quatuor revient dans une version remodelée et sombrement inspirée. Les Sentiers de l’Aube exfolie en une petite poignée de compositions toutes les frustrations des derniers mois. Brutal et sans concessions, l’EP se profile comme un furieux magma métallique. AqME livre ici une version ultra-compact de sa musique, flirtant de manière encore plus probante aux frontières du hardcore. Trois titres, trois brûlots. Les Sentiers de l’Aube marque une certaine rupture avec le travail d’orfèvre dont pouvait témoigner la formation sur Epithete, Dominion, Epithaphe. Les musiciens posent en effet sur bandes une hargne quasi-incandescente, laissant pour ce faire ambiances et contrastes au second plan. Bien que non dépourvues d’enluminures mélodiques – l’excellent « Fils Ingrat » –, les compositions empilent breaks appuyés et riffs furibonds avec une écrasante lourdeur. Composé dans l’urgence, Les Sentiers de l’Aube transpire la furie du live par tous les pores. Un aspect tout autant imputable à la production rugueuse des morceaux, capturés sur le vif, qu’à la présence du nouveau vocaliste. Si le travail de Vincent Peignart-Mancini cultive une certaine cohérence avec le chant de son prédécesseur – les morceaux enregistrés live en témoignent –, ce dernier habille cet EP d’une réelle personnalité, aussi furieuse soit-elle. AqME fait ici le deuil du chant clair, privilégiant des vocaux arrachés. Qu’elle soit définitive ou temporaire, l’orientation vocale de l’instant colle parfaitement aux instrumentations. AqME fonce, écrase, éructe. Mais surtout, vis son art sans se laisser dominer par les événements extérieurs. Chapeau bas.
Epithete, Dominion, Epithaphe
Retour vers le passé. Avril 2012, AqME sort son sixième opus. Précédé par l’annonce fracassante du départ de son chanteur, Epithete, Dominion, Epithaphe débarque en rayonnages sans véritable support côté scène. Une première historique pour le quatuor. Une nouvelle fois enregistré aux côté d’une pointure suédoise – Daniel Berstrand cède la place à Magnus Lindberg –, l’album reste pourtant la production la plus audacieuse composée par AqME. Des ultimes réminiscences adolescentes du précédent opus, il ne reste aujourd’hui plus qu’une inébranlable propension à s’épancher dans une certaine forme de noirceur. Epithete, Dominion, Epithaphe est un disque à couteaux tirés, a mi-chemin entre rock’n’roll buriné et post-hardcore. Le combo livre un album démarqué de toute tendance musicale, bardé d’instrumentations complexes. Désormais radicalement éloigné des schémas routiniers d’antan – refrain clair, riffs simples et percutants –, AqME se met volontairement en danger. Epithete, Dominion, Epithaphe se veut brut, dominé par un chant quasi-intégralement hurlé – les rageux « Adieu ! » et « Le Dialecte des Possédés –. Si En l’Honneur de Jupiter amorçait clairement la tendance, le quatuor passe ici un cap supplémentaire. Technique, parfois labyrinthique, ce sixième opus rassemble un chapelet de compositions fouillées, vocalement illustrées par un Thomas Thirrion constamment sur la brèche. Etrangement, ce dernier pose pourtant des textes plus positifs que par le passé, comme si l’expérience lui avait offert la possibilité d’exorciser de trop vieux démons. Epithete, Dominion, Epithathe reste à ce titre nettement moins grand public que ce qu’AqME avait pu proposer par le passé, mais le tout s’avère autrement plus passionnant. Habité, riche et quasi-anticonformiste, ce dernier « long-shot » en date est un aventureux trip auditif. Entre le direct et efficace « Idiologie » et les mélodies hypnotiques de « My English is Pretty Bad », tout un monde. Celui d’AqME, constamment étendu par un groupe en perpétuel recherche de nouveaux horizons.
. : Tracklist :.
Disque 1 – Epithète, Dominion, Epitaphe
01. Idiologie
02. Quel Que Soit le Prométhéen (Ou le Nihiliste)
03. Epithète, Dominion, Epitaphe
04. Luxe Assassin
05. L'Empire des Jours Semblables
06. Adieu!
07. My English Is Pretty Bad
08. Marketing Armageddon
09. Plus Tard vs Trop Tard
10. La Dialectiques des Possédés
11. 110.587
Disque 2 – Les Sentiers de l'Aube
01. Tout s'Effondre
02. Fils Ingrat
03. Autolyse
04. Idiologie (live)
05. Pornographie (live)
06. Luxe Assassin (live)