Première surprise: l’album porte-drapeau de ce projet avec sa jolie nouvelle femme, Mariqueen Maandig (ex-West Indian Girl) et Atticus Ross (ex-NIN, entre autres) n’est qu’un maxi 6 titres. A-t-il peur de saouler ses auditeurs avec ce son son trip-hop intergalactique si proche de Ghosts alors que pour cet opus exceptionnel, il n’hésitait pas à nous offrir une quarantaine de pistes? La réponse réside peut-être dans cette volonté continue de surprendre. Soit. Mais le problème est plus dans le fait que The Slip, dernier album de NIN nous laissait un peu la même impression que ce side-project: un opus honnête, parfois génial car Trent a toujours du génie en lui, c’est incontestable, mais pas beaucoup plus. Autant pour les morceaux de The Slip, il a pu les magnifier en live avec ses compères de NIN, autant là on n’imagine pas trop (encore) comment la scène (s’il elle existera) pourra mettre en valeur ces six morceaux gentillets, bien construits, avec une douce voix féminine posée sur des arrangements électroniques qui ont fait le succès de NIN: batterie électronique destructurée, par moment saturée et caverneuse comme un coeur qui bat, des nappes de synthés analogiques remis au goût du jour et quelques riffs de guitares par-ci par-là pour combler le tout.
Tout cela couplé au joli timbre mélodique langoureux de la demoiselle donne un résultat très très proche de Massive Attack ou de Portishead, et on se demande si Trent n’est pas parti en vacances du coté de Bristol cet hiver. C’est déjà pas mal, me direz-vous, mais ce n’est pas comme cela que l’on va combler le vide laissé par la fin (temporaire?) du groupe qui nous avait offert les somptueux With Teeth et The Downward Spiral. Mais il faut s’y faire. Trent met son talent en constante évolution, et cela passe par des étapes diverses et diversement appréciées. Détaché des obligations des maisons de disque, à qui il fait encore un beau pied de nez en offrant aux internautes cet EP, Trent Reznor est libre de faire ce qu’il entend et s’il a décidé de faire cadeau à sa dulcinée de ses dons de créateur pour donner un support à sa voix, eh bien il le fera.
Il n’empêche que le rendu général de ce maxi est quand même bon, et l’écoute agréable. La voix de Trent apparaît furtivement sur le titre « Parasite », très bon thème d’ambiance simple mais efficace, bien qu’un peu trop répétitif. « Fur Lined » est carrément un morceau électro-techno old-school à la Kraftwerk, surprenant mais intéressant dans sa conception et « The Believers » suit dans cet esprit expérimental electro avec des sons ethniques et métalliques tournant dans tous les sens. Le maxi s’achève avec « A Drowning », morceau le plus abouti de l’album où la ligne de chant est la plus claire et définie, ce qui le rend plus accessible et identifiable musicalement.
On peut donc aisément classer cet opus éponyme de How To Destroy Angels dans la catégorie trip-hop, autant au niveau des instrumentations que de la voix. On ne sait pas encore quel avenir Trent Reznor donnera à ce projet, mais si c’est un projet à long terme il devra se diversifier pour que le public y trouve un intérêt réel. En l’absence de lisibilité sur les intentions de Trent dans le futur, ces six titres permettent, au mieux, aux inconditionnels de Nine Inch Nails de patienter un peu, pour quoi, on ne le sait pas, mais c’est aussi ce qui fait le charme du monde mystérieux de ce créateur incessant.
.: Tracklist :.
1. The Space In Between
2. Parasite
3. Fur-Lined
4. BBB
5. The Believers
6. A Drowning