BD Harrington est un songwriter originaire du Royaume-Uni, trouvant plus aisément l’inspiration sur l’autre continent, au Canada. Cette double influence de la pop anglaise et de la country américaine est l’essence de sa musique.
Sur Regarding the Shortness of Your Breath, titre en longueur sur l’éphémérité de l’existence, Harrington livre une pop-folk au ralenti qui s’entend sans s’écouter. Le deuil est au coeur de cette suite interminable de chansons similaires servies par une production intelligente et réussie bien que manquant cruellement d’audace. Cependant les chansons sont là, Harrington possède une véritable aptitude mélodique, ici perdues dans la facilité des arrangements qui nous empêche de prêter une attention véritable à cette mélopée mélancolique et monotone. Harrington, selon la légende, fit d’ailleurs l’effort d’écrire tous ses morceaux à l’heure la plus sombre de la nuit, entre minuit et l’aube, dans l’espoir de les retrouver hantés d’anges déchus: il ne l’a hanté que de sa propre fatigue. Un album utile pour les départs en vacances qui vous permettera de vous concentrer davantage sur la route, mais gare à la somnolence au volant.
En bref, cet album ne vous convertira pas à ce genre de musique si vous possédez déjà quelques réticences karmiques à l’ennui et la monotonie, mais il pourra probablement accompagner certains moments mélancoliques, toucher le fond avec cette pincée d’espoir suffisante à vous permettre de voir le monde sous un nouvel angle et relever la tête. Finesse ou faiblesse? Subtilité sans texture, émotion sans surprise, voix sans timbre, musique de fond sans forme, lisse et inoffensive. Harrington plaira sûrement à certains, notamment capables d’apprécier la poésie de ses textes, et de dépasser les défauts de l’album pour ressentir ses qualités, certains pour qui sa voix aura des accents d’universalité et ses mélodies une justesse particulière.
Enfin, dans la même veine, préférez Familial de Phil Selway (batteur de Radiohead), qui bien que passé un peu inaperçu, est un album d’autant plus riche et équilibré que celui d’Harrington. Le fond demeure, au point qu’on puisse trouver quelques similarités vocales, si ce n’est que Phil Selway ne donne pas l’impression de s’ennuyer dans ses propres chansons.
.:Tracklist:.
01. Chinatown
02. Ultramarine
03. New Skin
04. Mariella
05. Little Sioux
06. Just to Hear My Arrows Sing
07. Born Sucker
08. Riding
09. Aeroplane Song
10 Where it counts
