l'occasion de son dixième anniversaire, Vacarm laisse libre parole à ses confrères du webzine W-Fenec. Dix années d'activisme et de soutien obstiné à la scène indépendante, ça se fête !
Comment est né W-Fenec ?
Pooly : Par hasard, la rencontre de quelques personnes, motivé par la même passion pour la musique. Le W-Fenec est né par un enchaînement particulier d'évènements qui mis bout à bout ont permis au site de voir le jour. (En vrac, la trouvaille du logo, le premier concert de Dolly, un bouquin de HTML et les articles d'Oli)
Pourquoi le nom « W-Fenec » ?
Aurelio : Et oui, hein Pooly pourquoi ce nom à la con ? (rires)
Pooly : W-Fenec, le webzine aux grandes oreilles ! Tout est dans le titre (et la faute à fennec n'était pas intentionnelle…)
Qu’est-ce qui vous motive à écrire et à animer le site au quotidien ?
Oli : Le fait de faire partager nos sentiments sur différents groupes qu’on a la chance de découvrir « facilement » et les retours des gens qui nous remercient de nous avoir fait connaître tel groupe comme ceux des groupes quand ils nous disent qu’on a compris ce qu’ils faisaient.
Rémiii : Ce qui me motive le plus, c'est l'esprit de découverte, tomber sur de nouvelles choses, de préférences audacieuses. Et aussi faire partager à nos lecteurs des coups de cœurs, leur montrer qu'il y a une très bonne scène musicale à soutenir, qu'il existe autre chose que les artistes pré-digérés et placardés dans tous les médias "conventionnels".
Pooly : Découvrir des nouveaux groupes et faire partager mon engouement.
Quelle est votre plus grande fierté ?
Oli : D’être encore là 10 ans après ! Et d’avoir créer de vrais liens d’amitié avec les membres de l’équipe, des musiciens et des lecteurs.
Gui de Champi : Je rejoindrai Oli sur le fait d’avoir créé des liens d’amitié avec des membres de la team, qui sont devenus de véritables amis (Pooly et Oli se reconnaîtront), et de véritables camarades de jeu (Anne, Rémiii, Cléa). Une grande fierté également, c’est d’être passé du statut de « journaleux amateur » sans intérêt pour les organisateurs de festivals, labels ou autres, à celui de « journaleux amateur » qui compte un petit peu plus. Les rapports deviennent plus « pro » même si, en ce qui me concerne, j’ai toujours essayé de faire de mon mieux pour parler d’un groupe, d’un genre, d’une passion sans jamais me prendre la tête. It’s only rock ‘n’ roll comme certains l’ont dit. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Quel est selon vous l'événement clé dans l'histoire de W-fenec ?
Oli : La mise en ligne de news quotidiennes. Au départ, on ne faisait qu’écrire des articles, quand on a commencé à donner des informations tous les jours, l’audience a explosé ce qui nous a poussé à en faire plus.
Gui de Champi : Je pense sincèrement que l’évènement clé dans l’histoire du fenec, c’est le jour où Oli a pris les commandes des autorisations de passage des photographes pour shooter à la grande scène des Eurocks. Je crois que ce jour là, avec Pooly, on s’est regardé, et on s’est dit : « là, plus personne ne pourra l’arrêter ».
Rémiii : Ce sera en 2074 quand le W-Fenec sera le seul webzine encore debout à défendre aussi ardemment le Rock. LOL.
Aurelio : Si je réponds que c’était quand on m’a embauché, j’en fais trop niveau prétention ou ça va ?
Pooly : Réduire l'histoire du W-Fenec à un seul événement c'est un peu réducteur, des évènements clés ça se passe tout les jours grâce à la participation de nos lecteurs assidus.
Lorsqu’on s’occupe d’un webzine, on garde pleins de merveilleux souvenirs / anecdotes, des interviews faites en taxi, des rencontres opportunes, etc. Qu’est-ce qui vous a marqué en 10 ans de rencontres et d’activisme ?
Oli : Je pourrais écrire un bouquin avec des anecdotes ! Là, sans trop réfléchir, me viennent à l’esprit plusieurs soirées/nuits passées avec les Masnada dans le Nord et en Belgique, toutes sont cultes ! Et aussi un coup de fil à 10h du mat’ pour me dire que je pouvais interviewer Tool dans l’après-midi à 300 bornes de là…
Gui de Champi : Evidemment, on a accumulé, ensemble en groupe ou individuellement, des milliards d’anecdotes. On pourrait en raconter des tonnes, mais franchement, ça serait trop long. Je me contenterai juste d’un moment magique passé avec Manu Chao qui, après trois heures de show, m’a fait partager la fin de son repas. Après lui avoir vanté son excellent concert et le refus de sa maison de disque de me prévoir un créneau pour une rencontre avec lui, il m’a proposé une interview sur le vif…vite, un crayon, un bout de papier, un grand moment, vraiment. Interview yeux dans les yeux, et un album dédicacé pour terminer. Instant magique avec un mec simple.
Aurelio : C’est très con mais c’était la première fois où j’ai reçu un CD promo… je pensais que ce privilège était réservé aux grandes personnes.
Qu’est-ce qui vous a marqué en 2007 ? Qu’attendez-vous de 2008 ?
Oli : Le dernier album de Ministry (fait chier), la folie autour du Dour sold out, le retour au premier plan de Mass Hysteria. En 2008, j’attends de faire la fête avec toute la team et nos lecteurs historiques… J’espère lors du festival de Dour…
Gui de Champi : Ce qui m’a marqué ? Pas mal de choses en fait. Pour faire court, pas mal de live (Burning Heads, Aerosmith, Motorhead (enfin !!) et Queens of the Stone Age), le retour sur disque de Velvet Revolver, des QOTSA et des Foo Fighters et Oli et Pooly présents à mon mariage ! Merci les gars ! Pour 2008, j’attends avant tout le mariage de Pooly, et comme le dit si bien Oli, un bon festos tout ensemble au Werchter d’Arras ! private joke ? qui sait ?
Aurelio : Je ne peux pas laisser passer ça, Gui, le dernier Velvet Revolver est une sombre merde !
Rémiii : En 2008, les 10 ans du zine quelque part… Et si possible, un maximum de reviews de festivals ainsi que de belles découvertes !
Comment appréhendez-vous l'évolution du webzine à court et long terme ?
Aurelio : A court terme, déjà on va bouffer un morceau. (rires) Plus sérieusement, à court, moyen ou plus long terme : plein de petites améliorations signées Pooly, plus d’articles et de news, un BIG concours, des petites surprises, des articles de fond et last but not least : un concours de T-shirts mouillés pour nos lectrices… parce qu’Oli en rêve depuis le commencement du zine (rires)
Qu'est ce qui différencie W-Fenec des autres webzines d'après vous ?
Oli : Déjà, on est vieux et relativement reconnu donc pas mal de monde nous connait, certains très bons webzines ont besoin d’expliquer qui ils sont aux groupes, nous, en général, quand on dit « Fenec » la personne nous répond « ah c’est toi ! » ! Et on est également très généraliste, la plupart des webzines sont spécialisés dans un style, même si beaucoup de gens nous apparentent au métal, on a des tonnes de chroniques pop, rock, indus etc.
Rémiii : La taille de ses oreilles. Alors que l'équipe est assez restreinte, on balaie beaucoup de registres différents, sans forcément pouvoir traiter tout ce que l'on veut d'ailleurs. Mais du métal sous presque toutes ses formes à l'immense famille du rock en passant par le dub, du rap, du folk, la pop, de la chanson, de l'électro, on mange à tous les râteliers. Il ne doit y avoir que le classique, le jazz et les musiques de rues qui soient évitées. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Aurelio : on est une toute petite équipe, donc peut-être un peu plus réactif, plus souple, mais surtout plus vieux comme l’a dit Oli précédemment…
Quelles sont ses forces et ses faiblesses ?
Aurelio : Sa petite… euh équipe. Qui est à la fois une force et une faiblesse… Sinon, le fait qu’il n’y ait pas suffisamment d’articles peut-être ? C’est une faiblesse c’est sûr, mais on bûche pour corriger ça…
Que penses-tu du webzinat à l’heure actuelle ?
Aurelio : L’offre est importante, peut-être trop d’ailleurs. Si tout le monde peut en pratique monter un webzine, il faut assurer une grosse quantité de travail derrière. Il y en a pas mal de très bons, beaucoup de mauvais, j’espère juste qu’on est pas dans le second wagon…
Pooly : Très bonne question ! Je pense que le webzinat s'est assez éparpillé, on a assisté ces 5 dernières années à une explosion du nombre de webzines, entre le webzine spécifique du grindcore en Alsace et le blog de ma voisine. Au lieu d'essayer de joindre une équipe pour promouvoir un webzine et un état d'esprit, beaucoup de gens ont monté "leur" webzine, un peu dans leur coin. C'est un peu dommage, surtout que beaucoup de zines repose sur 1 ou 2 personnes clés pour faire tourner la boutique.
Sur qui peuvent compter les webzines pour se développer ?
Oli : Personne ! Un webzine qui se monte aujourd’hui ne peut compter que sur lui-même. Il faut désormais faire ses preuves pour être écouté. Quand on a commencé, les labels n’étaient pas surchargés de demandes pour les webzines et être sur le web était tendance… Aujourd’hui, c’est une obligation et des gens sont spécialisés dans la promotion sur le web, pour un jeune zine, il faut un vrai projet pour séduire un label sans avoir d’audience. Ceci dit, je pense qu’ils peuvent compter sur les autres webzines pour leur faire un peu de pub ou filer quelques coups de pouce.
Rémiii : Sur ceux qui les font vivre : les rédacteurs et l'élan qu'ils ont envie de donner au truc. Après interviennent le lectorat et les groupes qui maintenant hésitent moins à effectuer des envois promos sur ce type de média.
Aurelio : L’intelligence, le bon goût et le l’ouverture d’esprit des lecteurs… voilà une réponse bien politiquement correcte.
Quel avenir voyez-vous pour les webzines face à la montée en flèche des blogs ?
Oli : Je ne pense pas qu’il y ait de concurrence entre webzines, alors entre webzines et blogs, encore moins. Les blogs sont des espaces d’expression très personnels, les lecteurs vont y chercher autre chose que sur un webzine je pense.
Rémiii : J'aime pas les blogs. C'est comme ça, pis c'est tout ! Plus sérieusement, à mon avis, un blogueur aura un avis lâché sur le vif, pas forcément très construit. Tandis que le travail effectué par un "webzineur" est plus recherché, plus approfondi. En général…
Pooly : Un one-man-webzine ? Plus direct, plus précis, mais aussi moins riche et moins ouvert. C'est le culte du blogueur dans une société individualiste…
Pensez-vous que les webzines d’actualité musicale pourront un jour se professionnaliser et devenir une activité principale pour ses gérants ? Le site est-il économiquement viable ?
Oli : Le site n’est pas économiquement viable mais qu’il le devienne n’est pas un objectif ! Jamais on ne sera professionnel, on a tous des jobs qui n’ont pas grand chose à voir avec la musique, le webzine est et reste une passion. Si un jour un webzine devient « professionnel » alors il perdra sa liberté, il sera soumis aux pressions des majors, à la rentabilité et ne répondra plus à ce qu’attendent les lecteurs…
Rémiii : Même si l'idée peut être plaisante (en tout cas pour moi elle l'est), c'est totalement impossible ! Carrément impensable ! C'est latent depuis un sacré moment mais ces derniers temps, c'est devenu une obsession, il faut que toute activité humaine soit méga-rentable… Et payer des troufions à griffonner des articles à longueur de journée pour les publier sur le web (et les offrir gratuitement au public de surcroît) n'est pas spécialement "rentable". Qui investirait là-dedans ? Pas grand monde, si ce n'est des succursales des maisons de disques qui prendraient de fait le contrôle "rédactionnel" de l'affaire. Bref à oublier.
Aurelio : Le premier qui va me forcer gentiment la main pour que j’écrive une chronique, il n’est pas né donc il nous faudrait un mécène qui soit vachement cool… donc, le fait d’être comme on est actuellement me semble plutôt pas mal. Puis on va pas se mettre à vendre des sex-toys « W-Fenec » pour vivre non ?
Pooly : La pige rentable ? Pas du tout je dirais. Si tu veux rentabiliser le truc, tu vas t'appuyer sur annonceurs et adieu ton indépendance rédactionnelle.
On surfe actuellement en pleine vague 2.0 et on s’aperçoit que la musique n’est pas épargnée avec des initiatives telles que les labels communautaires, les concerts en direct sur internet ou encore les services de distribution et de promotion axés autour de l’internaute. Qu’en pensez-vous ? Quel avenir pour ces structures ? Quels dangers représentent-elles ?
Oli : Pour le moment, c’est un peu n’importe quoi, la musique se vit en live avant tout. Entre mater dix soirs de suite le même DVD ou le même concert sur ton PC et suivre un groupe durant 10 dates sur sa tournée, si t’aimes vraiment le rock, la question est débile. Les labels communautaires, c’est une belle utopie, il suffit d’un buzz autour d’un artiste (Arctic Monkeys) pour que le web s’enflamme mais si les groupes pensent qu’en mettant du son sur la toile, ils vont récupérer suffisamment de fonds pour enregistrer une démo ou un album correct, ils se plantent. Faire du rock, c’est faire des sacrifices en terme de temps et d’argent, si tu veux faire plus que des répet’ et des concerts dans des bars, il faut accepter de prendre des risques et foncer. Taper 1 pour éliminer truc ou miser 10 euros sur untel, c’est un peu la même chose, si tu montes un groupe, c’est avant tout pour toi et tes potes, si tu ne fais ça que pour devenir riche en plaquant 3 accords, arrête tout de suite.
Aurelio : Qu’est-ce que je peux rajouter à ça… ? Intro, développement, conclusion, c’est carré… 20/20 monsieur le prof.
Le mot de la fin ?
Rémiii : Pour moi, il y en a deux : "Que vive le Fenec libre !" et "Rock'n'roll !"
Aurelio : Bon c’est pas tout ça mais quand c’est qu’on mange ?